De nombreux ports maritimes de commerce, de pêche et de plaisance sont relativement démunis face aux pollutions de faible ampleur qui affectent leurs chenaux et bassins et risquent de s’y propager à partir des quais et terre-pleins. Les ports fluviaux, les ports militaires, les voies navigables présentent des risques similaires. Les moyens de lutte sont souvent limités et la connaissance de techniques efficaces pour faire face aux pollutions peut être améliorée.
Ces pollutions sont d’origine et de nature très variées. On citera en particulier les déversements accidentels liés aux opérations de soutage des navires, les rejets involontaires ou non des fonds de cale machine, les pollutions dues aux accidents de navires, les déversements dus à la défaillance d’installations industrielles ou d’infrastructures portuaires (stockages, canalisations...) ou à des accidents routiers ou ferroviaires, les macrodéchets liés aux activités se déroulant à proximité des plans d’eau, ou encore les écoulements vers les bassins à partir d’égouts ou de conduites pluviales.
Techniques de confinement et de protection
Confiner une pollution signifie réduire l’extension en surface d’une nappe existante et concentrer le polluant afin d’en faciliter la récupération par pompage ou à l’aide d’absorbants. On peut également être amené à protéger de l’arrivée des hydrocarbures des zones portuaires plus sensibles ou plus stratégiques (darses, prises d’eau, cales de débarquement...). Dans ce cas, la protection - déviation aura pour objectif d’arrêter la pollution en amont du site à protéger en la canalisant vers une zone où elle sera plus facilement récupérable.
Les barrages de type barrière sont à privilégier car ils sont plus légers et plus rapides à déployer que le type rideau, leur moins bonne tenue au vent, au courant ou au clapot n’étant pas handicapante sur des plans d’eau portuaires relativement calmes. Les barrages barrières sont également plus aisés à stocker, sur touret par exemple, à nettoyer et à transporter. En l’absence de barrages flottants, l’emploi de barrages absorbants seuls (de préférence barrages boudins avec jupe ou barrages en rouleaux) est possible, en sachant que leur capacité de rétention et leur résistance sont faibles et qu’en cas de saturation de l’absorbant en polluant l’efficacité sera largement amoindrie.
Techniques de récupération par absorption
La récupération sur plan d’eau de petits volumes d’hydrocarbure de type gas-oil est à réaliser principalement à l’aide d’absorbants en tapis, feuilles, rouleaux, ou en barrages boudins, ces derniers pouvant être ou non dotés d’une courte jupe lestée. La rapidité de mise en œuvre de cette technique plaide en sa faveur pour des volumes de l’ordre de quelques litres à quelques centaines de litres. Il faut compter, au minimum, deux volumes d’absorbant par volume de polluant déversé. La récupération de produits lourds peut également être entreprise à l’aide d’absorbants, mais il faut alors privilégier un absorbant en vrac (flocons, filaments, écheveaux...). L’épandage d’absorbants se fait manuellement et la récupération à l’aide d’épuisettes. Les produits lourds pénètrent peu à l’intérieur de l’absorbant, mais adhèrent facilement à sa surface par adsorption. La multiplication de cette surface par l’utilisation de vrac rend donc cette technique de récupération plus opérante et plus efficace sur ces produits.
Confinement sur plan d’eau
Confiner une nappe de polluant sur plan d’eau permet d’éviter son étalement et son déplacement et constitue souvent une condition indispensable aux opérations de récupération. Confiner peut également servir à protéger des zones particulièrement sensibles : prises d’eau, port de plaisance… Les moyens de confinement les plus efficaces sont les barrages flottants. Il en existe de nombreux modèles, mais les plus adaptés aux zones portuaires sont de petite taille et à flottabilité permanente, ne nécessitant donc pas de gonflage à l’air.
Cependant, pour des sites particuliers (cales de mise à l’eau, berges ou accès en pente douce), des barrages échouables (gonflés à l’eau et à l’air) peuvent être préférés car ils apportent une bonne étanchéité à l’interface eau - berge et s’adaptent aux marées.
Les barrages peuvent être stockés sur touret (barrages gonflables ou barrages barrières c’est-à-dire plats) ou dans des conteneurs spéciaux (barrages rideaux) qui permettent un déploiement rapide. Ils peuvent être stockés en certains endroits stratégiques afin de réduire leur délai de mise en œuvre. Quel que soit le stockage choisi, il doit permettre une protection contre les ultraviolets (soleil), les intempéries, le gel, les rongeurs et le guano. De plus, les barrages doivent être nettoyés, réparés et reconditionnés avec soin après chaque utilisation.
Au cours d’une intervention, les barrages sont fixés à l’aide d’ancres, de corps-morts, de pieux ou maintenus sur les coques de navires en acier grâce à des ancres magnétiques. Des points d’ancrage à quai peuvent être équipés de dispositifs flottants compensateurs de marée. L’étanchéité au niveau de tous ces points d’ancrage peut être renforcée par des absorbants ou par un jet d’eau créant un contre courant. A défaut de barrage flottant, l’emploi de barrages absorbants en boudins équipés d’une petite jupe lestée peut être envisagé. Après utilisation, ces barrages absorbants souillés par le polluant seront éliminés comme des déchets nécessitant un traitement spécifique.